Homme qui es-tu?

L’homme se reconnait entre ses semblables de différentes manières. Il a ce besoin instinctif d’avoir l’acceptation de son proche (le reste de la population en général) et pour ce faire, il doit suivre les «coutumes de son peuple», les valeurs morales prônées et donc rentrer dans la masse. Mais l’homme ne se veut pas mouton, il a besoin aussi de s’extraire de cette masse, de prouver à celle-ci sa supériorité, son petit quelque chose de spécial. Plusieurs méthodes s’offrent à lui pour ce faire; exceller dans un domaine (travail, études, passion), s’habiller de manière différente (ce qui donne naissance à différents styles vestimentaires tels les punks, les douche bags, les emos, etc.), transformer les valeurs morales connues à son propre gabarit (comme les anarchistes font). Il déteste tous ces êtres qui sont «comme lui» donc il cherche à être différent d’eux pour prouver qu’il n’est pas aussi «stupide» que son prochain (le reste de la population). Nous ne sommes que contradiction en ce sens puisque nous voulons tant être aimés par cette masse et, en même temps, nous détestons tous ce qu’elle est, nous la trouvons à la limite stupide, mais nous pensons clairement qu’il ne s’agit que d’un troupeau de moutons qui suit l’âne de service. La terre tourne mal, nous sommes les premiers à nous en plaindre, mais ce n’est pas NOTRE faute, il s’agit plutôt de la faute des AUTRES.

Là n’est pourtant pas mon point aujourd’hui, je tenais à vous entretenir d’un principe très intéressant de notre belle société de consommation. Dans les films western, la virilité des personnages est montrée par leurs Colts, les revolvers qu’ils ont à leur ceinture (voilà pourquoi les plans mi-cuisse (type des western-spaghettis) ont été inventés, pour pouvoir montrer cet engin de virilité). Je me suis donc posée la question, qu’elle est l’image de virilité des hommes de nos jours, la question n’a pas pris beaucoup de temps à trouver réponse. L’automobile semblait la solution idéale. Il s’agit, désormais, d’un besoin nécessaire pour tout être humain digne de ce nom. Qui plus est, elle n’est pas seulement choisie par rapport à sa fonction première (y a-t-il encore quelque chose qui soit choisi pour sa fonction et non sa forme?) mais bien par sa couleur, sa puissance, sa marque (certaines sont à éviter selon votre niveau de «coolitude»). Tout est important! On l’a promène par pur plaisir pour la montrer, comme on montrerait notre nouvelle blonde «trophée» à nos copains. L’automobile est devenue l’engin de virilité numéro un! Plus elle est grosse, plus son propriétaire se promène fièrement, se sentant supérieur à la petite populace qui marche à une portière de lui (un véritable pompeux quoi!). «Un gros pick-up» signifie «une grosse quéquette» dans leur tête, rien ne les arrête et ils n’ont jamais été aussi séduisants. Le temps passé à l’entretenir, la remonter (un peu comme les chirurgies plastiques d’une femme) permettent à son ego de gonfler en bloc (et est proportionnel au montant investi)! Mais pour quelle raison est-ce que l’automobile est devenue un symbole aussi flagrant de «puissance», de pouvoir? Très certainement à cause de l’argent dépensé pour le modèle puisque plus on dépense, plus on est important. Comme le véhicule est la preuve la plus voyante de son argent, sa monnaie, donc son pouvoir. Il est certain que certaines personnes désirent en acquérir une malgré leurs moyens restreints pour se le permettre. Après cela, certaines personnes disent que l’argent ne fait pas le monde?

Money makes the world go around, the world go around, the world…

Quand la technologie devient la sucette du bébé…

La technologie change nos modes de vie radicalement. Oui, bon, d’accord, peut-être! Cette réflexion était bien ancrée en moi, comme en nous tous, mais j’avoue que je n’avais jamais réalisé l’ampleur de ces changements. Je n’ai jamais vraiment vécu de changements radicaux dans mon existence à cause des avancées technologiques. À la limite, j’ai vécu internet haute vitesse, mais j’y allais si peu avant que je n’ai, encore aujourd’hui, pas réalisé l’importance des changements encourus. Pourtant, un article m’a remise à ma place dernièrement. On y parlait d’une réforme scolaire qui prendra forme dans 45 états américains en 2014. L’écriture manuscrite sera un cours optionnel, et l’on préconisera plutôt l’apprentissage de Word pour les plus petits. Surprise, surprise? Je me rappelle avoir entendu que l’écriture cursive serait soustraite de l’enseignement habituel, mais toute l’écriture manuscrite? Je vous laisse deviner ma surprise.

Apprendre à écrire, une expérience inoubliable! Quel enfant, en regardant ses parents faire, n’a pas hâte d’écrire et de lire comme ceux-ci? À mon souvenir, j’étais si fière de montrer à mes parents mon nom que j’avais écrit TOUTE SEULE.  Maintenant, tous les noms de ces enfants en maternelle seront affichés au mur en Times New Roman (ou en Comic Sans Ms)? Il y a-t-il réellement quelque chose de valorisant là-dedans? Je peux facilement imaginer que oui, mais, à mon point de vue beaucoup moins qu’un nom écrit de ces propres mains.

La liste de fournitures scolaires sera bien différente désormais; un ordinateur. C’est tout. Après cela, essayez d’empêcher vos enfants d’avoir des cellulaires avant la puberté.  Ils auront des ordinateurs portatifs dès le primaire, la technologie sera encore plus présente pour eux que prévu.

Je me souviens que ma petite sœur me racontait qu’à son école secondaire, il voulait offrir des ordinateurs portables aux étudiants. Premièrement, pour les inciter à rester à l’école, mais aussi parce qu’ils se sont rendu compte que ceux-ci n’arrivaient plus à se concentrer sur la lecture d’autres choses qu’un texte sur écran. À quel point est-ce que c’est vrai? Je ne peux en assurer les sources, pourtant, il est vrai que les livres disparaissent de plus en plus pour laisser place aux livres électroniques. L’importance est plutôt dans l’intégration de plus en plus d’ordinateurs en cours pour garder la concentration des élèves. Oui, mais eux, ils sont au secondaire tout de même.

Quand des bases si solides de notre éducation viennent d’être chamboulées, je me demande où tout cela s’en va…

Dans cet article, on y dénombre des avantages et des inconvénients qui vous permettront de vous faire une idée en soupesant les pour et les contre. Moi je suis contre, mais peut-être n’est-ce qu’une nouveauté, comme la photographie, qui nous permettra d’avancer au lieu de reculer comme tous le prédisaient. 2014 nous le dira!

http://quoi.info/actualite-education/2013/02/21/apprendre-a-ecrire-a-lecole-bientot-demode-1161153/

Mais où était la lampe Pixar?

http://jflebel.wordpress.com/2013/02/26/52/

Quelle étrange annonce, j’imagine que son message est bien passé puisque les ventes ont augmenté de 8% après sa diffusion, mais je serai plutôt porté à me fâcher contre l’homme qui me traite de folle, que de m’attarder à son propos! Il est pourtant vrai, sûrement que la nouvelle lampe est «mieux» (dans le sens que je ne vois pas comment une lampe, dont le but premier est d’éclairer pourrait s’améliorer, sinon par rapport à son esthétisme qui doit être plus actuel, à la mode), mais aussi parce qu’une fois que la frustration passée par rapport au propos de l’homme, on comprend bien qu’il a raison. Une lampe n’a pas d’émotion.  C’est tout à fait vrai, et on rit à l’idée d’avoir eu de la pitié ou de la compassion pour cet objet.

Le montage est bien réalisé pour que nous croyions à une émotion chez la lampe. Le plan subjectif de celle-ci vers son emplacement dans l’appartement, la contre-plongée vers sa propriétaire qui monte les marches après l’avoir laissé au coin de la rue, même la pluie nous donne une impression de déchirement foudroyant pour la lampe. Petit plus, lorsque la nouvelle lampe est allumée, le soir, l’ancienne est allumée par sa propre lumière et s’éteint par la même occasion. La propriétaire va même jusqu’à caresser sa nouvelle lampe, à la manière d’un chien, après l’avoir éteinte. Tous ces petits éléments nous donnent l’impression que la lampe a des émotions et qu’elle a été remplacée comme il n’est pas permit de le faire avec des êtres humains ou des animaux dans la morale humaine.

Contrairement à la lampe Pixar, cette lampe-ci ne bouge jamais par elle-même et c’est tant mieux pour le propos. Son immobilité nous montre bien que ce n’est que la caméra qui nous donne l’impression qu’elle est vivante et touchée. Dans le sens que si la lampe avait bougé, le propos de l’homme à la fin n’aurait pas passé. Nous nous serions offusqués : «Elle a bougé, elle a donc des émotions, une âme!». Tandis que dans le montage présent nous donne le sentiment contraire. Une fois le propos de l’homme terminé, oui nous sommes offusqués, puis nous repensons au montage et on se rend compte que la lampe, elle-même, ne nous a jamais donné l’impression, aucun indice en fait, qu’elle pourrait avoir des émotions pour vrai. Alors, nous avons un sourire puisque nous avons été trompés par le montage.   

Le propos fait en lui-même un grand travail d’incitation à la consommation par ce qu’il dit. Il commence par nous remettre à notre place pour nous faire comprendre que cette lampe est inanimée et n’a pas de sentiments. Il a raison et la vérité finit par nous sauter à la figure. Puis, il continue en disant que la nouvelle lampe est mieux. C’est facile alors de le croire aveuglément, car il a déjà eu raison. Nous ne nous posons donc pas la question puisqu’il nous a déjà prouvé qu’il avait raison. On ne remet donc pas en question sa deuxième affirmation.

L’utilisation d’une lampe était beaucoup plus appropriée que n’importe quel autre objet à mon avis. Cela s’explique grâce à la connaissance universelle, ou presque, de la lampe Pixar comme objet animé, nous pouvions facilement croire d’emblée que cette lampe était aussi vivante. Rien n’a été laissé au hasard car, à part sa couleur, il n’y a pas grand chose chez cette objet qui se différenciait de la lampe Pixar.

Je suis personnellement quelqu’un qui s’attache à ses objets. Je ne les jette que lorsqu’ils sont brisés. Pourtant, j’ai réussi à être floué par cette annonce, démontrant bien la réussite prodigieuse de l’agencement du montage et du message.

Textolique

http://unautrecanevaspourlanaturehumaine.wordpress.com/2013/03/19/des-avantages-de-cet-objet-qui-nous-fait-baisser-la-tete/

Ce billet m’a interpellé justement à cause de ces milliers de petites nuances sur le texting que je n’avais pas vues, pas comprises et qui explique magnifiquement notre habitude à préférer les messages instantanés aux appels ou aux discussions en personne.

Quand un message texte apparaît, on peut décider de l’ignorer. Vous me direz que c’est la même chose pour un appel et vous avez raison.  Mais un message texte n’est qu’en «pause». S’il nous intrigue, on peut se permettre de le lire plus tard.  Encore une fois, vous me direz que les boîtes vocales permettent d’écouter nos appels après coup mais l’idée est différente.  Un message vocal ne nous dira pas nécessairement la raison de l’appel, minimalement nous savons qui nous appelle mais c’est souvent la seule information que nous recevons, ce qui ne nous incite pas à rappeler, ou nous intrigue beaucoup trop pour presque rien parfois. Un message texte a le mérite d’être clair et bref.  On connaît tout de suite le sujet, on décide alors de répondre ou non. Cet attrait pour les messages-textes transparaît aussi dans les forfaits qui nous sont offerts. Les textos illimités sont rendus le mot d’ordre pour les publicités de forfaits de téléphones cellulaires. Quand nous désirons une boîte vocale par contre, il faut être prêt à payer pour ce service qui est très rarement compris dans les dizaines de forfaits offerts. 

La réponse n’est pas, non plus, obligatoirement automatique. Si on a besoin de temps pour chercher nos mots, ou que notre humeur nous rendrait facilement bête sans raison, nous avons la possibilité «d’oublier» le message pour l’instant et d’y repenser plus tard.  Notre interlocuteur peut nous envoyez pleins de messages mais c’est tout, et les excuses sont facile à inventer dans cette situation.  Lors d’un appel, un silence devient rapidement lourd, et en face à face notre humeur sera transparente.  Dans cette situation, je crois que les messages-textes empêchent bien des disputes.

Ils empêchent bien des maux, mais aussi bien des mots. J’ai personnellement un forfait qui me donne la possibilité d’écrire de très longs messages textes. Dans mes contacts, il y a par contre très peu de personnes qui ont cette possibilité. Les messages textes doivent alors se résumer à 140 caractères sinon mon interlocuteur ne pourra pas les lire.  Ça nous oblige tous à ne pas partir dans des tirades donc, et à condenser notre information. Les conversations plus profondes s’en retrouvent alors complexifiées, mais il est vrai aussi que c’est beaucoup plus facile à comprendre dans des conversations normales. Le radotage est coupé à la source.

Avec ma carte rien ne m’arrête! Sauf ma carte…

Maintenant, tout est automatisé. Un exemple concluant qui passe inaperçu tant il fait partie de notre quotidien aujourd’hui est l’utilisation de la carte de débit ou de crédit. Nous n’avons plus besoin d’argent comptant, une simple petite carte et nous sommes riches.  L’argent est toujours à portée de main, il ne prend pas de place, on a donc plus de limite d’achat concrète, du moins on ne la voit pas tant que notre carte n’est pas refusée.  L’aspect pratique de ces cartes n’est plus à prouver, la plupart des gens les utilisent régulièrement.

C’est tout de même rigolo de voir la différence si on change de groupe d’âge.  Les personnes plus âgées font plus confiance à l’argent, sûrement par tradition.  Ils y sont habitués, il est donc plus pratique de poursuivre ainsi que d’apprendre à se servir d’une nouvelle méthode de paiement même si plusieurs s’en servent régulièrement.  Je ne dis pas qu’ils ne payent jamais par cartes, mais c’est le groupe d’âge qui se sert le plus régulièrement de l’argent sonnant.

Un changement de continent aussi change les méthodes de paiement.  En Allemagne, par exemple, on ne jure que par l’argent comptant.  Il n’est pas rare de voir des commerces où les cartes sont interdites, et plusieurs marchands seront réticents à vous permettre le paiement par cartes.  La raison de cette préférence au comptant m’est inconnue.  Un voyage en Allemagne s’impose pour que j’aille m’informer.

Les cartes sont très pratiques, il n’y a aucun doute là-dessus, mais pour les commerces, ce n’est pas toujours l’idéal.  Je parlais récemment avec la conductrice d’un taxi conventionnel (sans Interac) qui m’a fait réaliser à quel point les jeunes de mon âge ne paient leurs taxis que par débit.  Par contre, cet agrément pour les clients est un fort désavantage pour les chauffeurs.  Premièrement, dans les taxis, des frais de 1,50$ sont encourus pour la transaction.  Ces frais déplaisent aux clients comme aux chauffeurs qui doivent débourser plus eux aussi.  De plus, ce montant est souvent plus élevé que celui que le client offrirait en pourboire à son conducteur.  Cela diminue encore plus le montant de pourboire offert, voir l’annule complètement.

L’industrialisation, le besoin de facilité et l’aspect pratique de tout ce qui nous entoure amènent des avancées technologiques très intéressantes.  Pas pour tous malheureusement, ce qui fait ton bonheur fait le malheur d’un autre…

La perversion de son prochain

J’ai récemment écouté un vieux film de la période surréalisme dont une des scènes m’a beaucoup fait réfléchir. Les cinéphiles connaissent Un chien andalou de Dalí et Buñuel pour le ramassis d’images plus surréalismes et incompréhensibles les unes que les autres. Au premier abord, peut-être, mais en regardant bien j’y ai décelé ce que je crois être une critique de notre société.
Brièvement, l’extrait se présente comme suit; il y a une main au milieu de la rue, une femme la regarde traumatisée, et une foule se tient autour de la main et discute avec entrain. Un policier arrive, prend la main, la met dans la boîte, puis la donne à la dame. La foule se dissipe. La femme reste au milieu de la rue en regardant la boîte. Personne ne fait attention à elle, même les voitures ne semblent pas la remarquer. Elle finit par se faire frapper, une foule se forme autour d’elle en un clin d’œil.
En regardant cet extrait, j’ai été choquée puis je me suis dis que c’était exactement comme ça que ça se passait. Lorsqu’il y a un accident sur la route, est-ce qu’on ralentit pour la prudence, ou pour regarder s’il y a du sang? Qui sait, un peu des deux je crois. Ce qui est certain, c’est que l’on vit sans cesse notre vie en regardant droit devant nous. On ne se permet que très rarement un coup d’œil sur le monde qui nous entoure. Nous sommes individualistes, c’est indéniable. Il n’y a qu’un nombre infime de personnes qui, en voyant une personne inconnue pleurer, ce précipiterait pour l’aider. Imaginez alors si sa détresse est encore moins visible. On s’en fout un peu, on ne peut pas aider tout le monde et c’est normal. Par contre, ce qui reste surprenant, c’est notre inlassable intérêt pour ces personnes décédées que nous ne connaissons pas. Plus la mort est brutale, sanglante, plus notre intérêt est puissant. Nous sommes des amateurs de morts grotesques, incongrues, de morts brutales, douloureuses. Nous ne nous en lassons pas. Des émissions dont le sujet est les morts inexplicables, ou les assassinats, sont de plus en plus populaires. Pourquoi? Il faut bien que quelqu’un les regarde! Les documentaires sur les tueurs en série en sont une autre preuve. Nous sommes intéressés par ces sujets, de manière quasi-perverse il est bon de le remarquer. C’est violent, c’est choquant peut-être est-ce ce qui en fait des informations si fascinantes. Il est vrai que nous sommes portés sur les évènements surréalismes, ceux qui sortent radicalement de notre quotidien, de l’ordinaire. Des massacres, des assassinats, des cataclysmes, des choses dont nous nous sentons protégés, nous ne réalisons pas la possibilité qu’ont ces choses d’arriver dans notre vie et nous en sommes friands.

Clash des Générations

Dans le temps de mon arrière-grand-mère, comme elle me l’a souvent raconté, il arrivait souvent qu’elle et son mari allaient chez des amis, un soir, pour une belle soirée dansante jusqu’aux petites heures du matin.  Dans ces soirées, tout le monde était invité à participer, que ce soit en jouant d’un instrument, en chantant ou en dansant.  Et lorsqu’on dansait, il fallait que ça «swing»!  Pas question de faire simplement deux petits pas de côté, de l’autre côté et recommencer.  Il fallait avoir chaud et avoir mal aux pieds.  Bien sûr, ce n’est pas tout le monde qui dansait mais l’ambiance était assez «électrisante» à ses dires.  Quand je m’imagine cela, je vois bien la grande différence entre les veillées de mon arrière-grand-mère et les miennes. 

Maintenant, nous devons toujours nous montrer sous notre meilleur jour même lors d’une soirée où l’on va danser avec ses amies.  En fait, les bars sont rendus les lieux de rencontres et d’amusement par excellence dit-on.  Du moins, quand on a quelque chose à fêter, nous préférons les bars à une soirée chez «Ti-Jean», «Carlos» ou un autre ami de notre choix.  Bien sûr, il nous arrive de faire des partys plus privés, mais c’est tellement plus simple d’aller au bar, puisqu’on n’a pas à ramasser le lendemain. Les bars nous permettent, en fait, de consommer rapidement une soirée d’amusement.  Nous n’avons absolument rien à préparer à part notre propre petite personne.  Nous arrivons là-bas et l’alcool ne manquera jamais, on n’a même pas besoin de le préparer (si on préfère des petits cocktails).  Plus besoin du violon ou de la guitare sèche de Jean-Guy, il n’y a qu’une seule personne qui s’occupe de la musique, et toute la soirée les chansons entraînantes s’enchaînent à l’infini.  Nous vivons littéralement dans l’excès, un excès que seul notre porte-monnaie peut réussir à freiner. 

Comme je l’ai mentionné ci-haut, la seule chose que nous devons faire pour aller danser, c’est de nous arranger pour être sous notre meilleur jour.  Nous préparer pour le «spectacle» que nous allons offrir, le spectacle de notre capacité à être beaux/belles, de notre style et, donc, de nos «attributs».  Nous ne nous mentirons pas, même s’il est très plaisant de sortir entre amis pour se défouler sur une piste de danse, où pour aller parler autour d’un verre, il y a toujours une ambiance de flirt qui vole dans l’art.  Donc, nous nous arrangeons en conséquence, nous montrons comme nous sommes attirants.  Et si je pense aux femmes, l’amusement en prend un coup!  Il n’est pas question d’être dépeignée, que notre maquillage coule et encore moins d’avoir chaud!  C’est inévitable, la majorité des filles ne dansent presque pas ou de manière exagérément lascive pour attirer l’attention des garçons.  Il faut paraître parfaite pour être attirante.  Personnellement, si je n’ai pas chaud (je mets du déodorant, ça sert à ça!), si je n’ai pas de mèches folles ou si mon maquillage est impeccable après 30 minutes, c’est que la soirée s’endort.

Au lieu d’être un grand rassemblement où tout le monde y met du sien pour que la soirée soit réussie, tout est présent pour que l’on s’amuse et c’est à nous de décider, au final, si on aime ou pas.  On regarde, on juge, on consomme, même l’amour est consommer en une soirée dans cet environnement!  Je trouve rigolo quand mes amies me disent : «On va au bar ce soir, on se fout du monde et on s’amuse!».  Je ne peux m’empêcher de trouver cela ironique car pour une majorité des gens présents, le but premier est de plaire, l’activité principale est de juger et, au final, on ne s’est pas amusé tant que ça.  Voilà quelque chose que nos arrière-grands-parents auraient dû nous apprendre…

La Photographie

Roland Barthes a exprimé que la photographie et le cinéma permettent la création d’un «ça a été».  Un «ici et maintenant» se rapprochant du souvenir qui donne une aura semblable à celle de l’art pure comme la peinture ou la sculpture.  Je ne peux être plus en accord avec cette affirmation.  Êtes-vous déjà tomber sur un vieil album souvenir qui appartenait à votre grand-mère ou à votre mère?  Déjà de les voir jeunes est assez impressionnant, on les reconnait rapidement à leurs traits qui sont détaillés à la perfection, plus que l’on pourrait le faire avec la peinture.  À mon avis en fait, la peinture est une représentation beaucoup plus subjective qui peut adoucir les traits plus grossiers du visage, gommer les défauts de la personne, que la photographie à son état pur.  Donc, déjà la photo a une portée qui nous touche beaucoup puisqu’on reconnait les acteurs présents.  Si l’on va, par contre, jusqu’à montrer les découvertes de papier que nous venons de faire à la principale interressée (notre grand-mère ou notre mère), on se retrouve avec des heures d’histoires d’antan.  «Une image vaut milles mots» prend tout son sens à cet instant.  Chaque photo «raconte» un souvenir à celui qui sait le lire et, encore même on ne la connait pas, il y a assez d’éléments pour s’inventer nos propres histoires.  Il y a autour de la photographie une aura plus puissante, qui touche plus le spectateur que la peinture, mais qui touche moins de spectateurs.  Le cinéma nous amène le même genre de créations.  Avec le numérique, il est maintenant possible et facile de créer ses propres vidéos souvenirs.  De filmer son bébé, le premier recital de son fils, etc.  Ça rapporte une version exacte du souvenir complet.  Maintenant, on intégre ces souvenirs plus facilement grâce à l’image, au mouvement et aux sons.  C’est une incroyable fonction que de pouvoir se rappeler ces souvenirs de la vie quotidienne que notre simple mémoire ne pourrait enregistrer. 

Notre père, qui est à l’écran

De nos jours, au Québec (car mes connaissances ne permettent pas de savoir comment cela se passe ailleurs) la religion a une baisse de popularité. Je dis «popularité», car pour ma génération, cela ressemble plus à une tendance qu’à un mode de vie à proprement parler. Pourtant, la masse ne se retient pas d’idolâtrer pour autant, elle a tout simplement changé de «religion». Désormais, Dieu a plusieurs noms; Brad Pitt, Johnny Deep, George Clooney (pour ne nommer que ceux-là).

Comme nos grands-parents lisaient la bible, nous lisons ce qui s’appelle des JOURNAUX À POTINS et nous sommes à l’heure pour attendre le nouvel exemplaire toutes les semaines. Les journaux vont jusqu’à se spécialiser sur ce culte que nous vouons aux artistes de cinéma. Ils nous apprennent qui sort avec qui, qui a trompé qui, avec qui, qui va se marier, où, qui est enceinte, etc.  Voilà des confidences que nous ne connaissons même pas des personnes près nous, à moins que l’importance de notre relation pour cette personne l’incite à se confier à nous. De plus, nous nous y intéressons comme s’il s’agissait de nos propres amis, de notre propre famille. Nous sommes liés à ses acteurs, sans les connaître ni d’Adam ni d’Ève. Nous avons, en plus, des millions de photographies qui nous font vivre cela «comme si nous y étions».

De plus, ces informations nous permettent de juger, nous en donne le droit. On peut haïr un acteur, on peut l’adorer, mais est-ce qu’on le juge vraiment pour son travail? Pas tout à fait… Les médias nous ont donné le droit de savoir et donc de juger. C’est un automatisme! Le problème, c’est que l’on continue de les juger selon les critères moraux de la religion catholique. S’il n’avait pas été populaire, est-ce qu’on aurait été intéressé par les pratiques adultères de telle personne? Non, on ne le connait, on s’en fout, c’est sa vie. Par contre, cet acteur X est un vrai salaud, et voilà la masse qui compatit avec sa femme.

Notre société a besoin de potins, avant on se rejoignait au magasin général pour apprendre les dernières nouvelles, maintenant les revues nous proposent une panoplie de rumeurs. Est-ce vraiment un drame? Selon moi, pas vraiment, même si les acteurs se retrouvent avec leur réputation entachée, il y a toujours quelqu’un pour les aimer, pour aller voir les films dans lesquels ils jouent, et leur réputation n’est jamais vraiment complètement entachée. Cela me fait penser à la mythologie grecque.

Ces Dieux avaient de multiples histoires s’apparentant aux téléséries que l’on connait avec des infidélités, des trahisons, etc.  Et pourtant les Grecs continuaient de les respecter. La même chose est viable pour les «stars». Je n’arrive pas à imaginer quelle horreur une «star» pourrait faire pour réellement perdre tout le monde, tout son public. Les acteurs ou actrices de cinéma sont intouchables, c’est sûrement une des raisons qui fait qu’ils produisent un tel sentiment de culte dans la masse. Bien sûr, c’est mon opinion, et je peux faire fausse route, mais demandez-vous sincèrement? Vous n’avez jamais eu de conversation avec un ami à propos de tel ou tel acteur? Vous n’avez jamais jugé un acteur pour ses actions? Vous n’avez jamais été intrigué par le titre d’un journal à potins? On a tous un peu cette petite perversion vous ne trouvez pas?

Les médias du souvenir

Benjamin, comme vu expressément dans mon dernier cours, reproche à la photographie, ainsi qu’au cinéma son manque d’authenticité.  Son «hic et nunc», son ici et maintenant est complètement bousillé par le fait qu’il n’y a plus d’original et que ces œuvres sont créées pour être reproduites.  Peut-être que je peux lui accorder cette vérité, mais il faut quand même comprendre que ces deux médias amènent une nouvelle version du hic et nunc, que je pourrais apparenter au souvenir.  La dégradation des œuvres d’arts, des bâtiments historiques, etc. nous oblige un effort surhumain pour conserver ces vestiges de notre passée.  À restaurer ces œuvres, l’aura, l’authenticité de celles-ci ne s’en trouve-t-il pas diminué?

Les œuvres de la photographie et du cinéma, quant à eux, nous ramènent rapidement au moment de leur création, par les personnages représentés (vêtements, expression) et par l’environnement qui les entoure (bâtiments, température) une simple image nous raconte une histoire, nous informe sur un million d’autres choses.  Il est magique de pouvoir revoir les créations de George Méliès ou de pouvoir revivre l’expo 67 par le simple biais d’images.  Celles-ci s’impriment même plus facilement à notre esprit que les textes de ces temps.  Surtout qu’on le découvre assez facilement, ce n’est pas tout le monde qui prend plaisir à lire, de ce côté le cinéma et la photographie sont plus accessible et je crois que c’est aussi ce qui fait leur force et leur popularité. 

Le théâtre en soi à même trouver des transformations irréfutables grâce à ces médias.  Premièrement, il n’est plus rare maintenant de voir se mélanger ces deux médias.  Une pièce de théâtre peut utiliser de manière très significative, voir métaphorique, des images projetées sur l’arrière-scène et, même des fois, ce sont des extraits vidéo qui sont projetés.  Lors de pièces à plus grand déploiement, telles les comédies musicales, des caméras suivent les artistes pour permettre aux personnes assises au balcon de bien comprendre l’émotion du personnage sans qu’il doive s’époumoner sur scène.

Benjamin expliquait qu’il trouvait que la plus mauvaise représentation d’une pièce de théâtre était meilleure que sa représentation en film.  Peut-être en ces temps mais de nos jours, il est clair qu’une mauvaise pièce est moins bonne qu’un bon film.  Les raisons qui m’incitent à penser ceci se retrouvent dans l’argumentation de Benjamin.  Celui-ci dit que le cinéma a le désavantage de ne pas pouvoir adapter son jeu au public qui le regarde.  Je suis tout à fait d’accord, par contre, le cinéma trouve l’avantage que les acteurs n’ont jamais de blanc de mémoire, de décrochages ou autres petits problèmes liés à la représentation «en direct».  Les répliques dites par l’acteur sont disséquées et l’on ne prend que la meilleure prise, celle qui suit le mieux le propos, qui a le plus de vie, de sentiments.  Lors d’une pièce de théâtre, si l’acteur qui doit pleurer rit, car il a oublié son texte par exemple, c’est toute la réussite de la pièce qui s’en retrouve bouleversée.  On n’a pas le droit à l’erreur, et encore moins aux mauvais acteurs.  

Benjamin nous explique aussi que les acteurs de cinéma ne jouent plus au même titre que ceux de théâtre car ils doivent en faire le moins possible pour en faire vivre le plus possible.  La tendance du théâtre, par contre, a bien fini par suivre l’exemple du cinéma entre-autre avec l’enseignement de Stanislavski.  Les jeux de sentiments et d’émotions se sont calmés, adoucis, sont devenus plus réalistes.  Ils ont perdu leur accent caricaturale, car je trouve que de sur-joué une émotion est de la caricaturer. Les personnages ont désormais des histoires que l’acteur se crée pour bien comprendre les émotions, les vivre tout en les cachant aux spectateurs de la pièce, en les dévoilant minimalement ce qui, d’après moi, renforce leur réalisme. En plus, plus l’acteur dévoile son émotion, plus le spectateur ressent sa puissance grâce à cela.  L’amour de Roméo et Juliette (Roméo et Juliette, Shakespeare) n’est pas l’amour de Dorante et de Sylvia(Les jeux de l’amour et du hasard, Marivaux).  Nous nous retrouvons avec une multiplicité de subtilité dans les émotions, et je crois que le cinéma, en obligeant un jeu minimaliste, nous a aidé à bien faire dégager cela.